Le marché de la location joue pleinement la carte de l'électrification

Prenez de l'avance sur vos concurrents

Il semble probable que l'électrification s'imposera lentement mais sûrement dans le secteur de la construction. On voit que les constructeurs élargissent clairement leur offre, même dans le segment des engins les plus lourds. Et les entreprises de location suivent le mouvement en optant de plus en plus pour des alternatives écologiques. Les utilisateurs finaux, quant à eux, restent pour l'instant quelque peu hésitants. Cette hésitation s'explique en grande partie par le coût d'investissement plus élevé. D'un autre côté, le moment est peut-être venu de franchir le pas et d'acquérir ainsi un avantage concurrentiel.

Un marché en pleine croissance

Le marché européen des engins de chantier électriques devrait connaître un taux de croissance annuel composé (TCAC) de 26,09% au cours de la période 2024-2030. Les chargeuses sur pneus électriques représentent la part la plus importante, mais les excavatrices électriques gagnent également des parts de marché, bien qu'il s'agisse principalement d'excavatrices compactes et de petite taille.

Les pelles plus grandes nécessitent des batteries de grande capacité, ce qui augmente le coût global. En fait, on peut généraliser cette observation: pour les différents types de machines, le marché européen affiche une croissance particulièrement forte dans le segment des machines avec une faible capacité de batterie. Dans ce segment, les évolutions sont très rapides.

Les grues électriques et les mini-pelles compactes en sont de parfaits exemples. En fonction de la machine et de la marque, nous en sommes déjà à la deuxième génération de machines avec des batteries allant jusqu'à 40 kWh, qui devraient donc pouvoir tenir une journée de travail de 8 heures - et dans le cas des grues, même beaucoup plus longtemps. Le gouvernement flamand encourage cette tendance en offrant des subventions par l'intermédiaire de VLAIO. Les conditions sont idéales pour qu'une nouvelle technologie puisse percer, bien que les entreprises de location ne puissent pas bénéficier de ces subventions. Si c'était le cas, la croissance serait encore plus rapide.

Une offre plus importante

Les fabricants semblent avoir dissipé les derniers doutes. Lors de la dernière édition de Bauma, les visiteurs ont été ébahis par l'offre de machines électriques. Remarquablement, même dans le segment des machines les plus lourdes. Dans le domaine du terrassement, par exemple, on a pu découvrir de gigantesques dumpers entièrement électriques pour l'exploitation minière. On peut considérer ça comme un signe: nous avons bel et bien emprunté la voie de l'électrique. On observe la même tendance dans les entreprises de location. Elles-mêmes déclarent opter davantage pour des alternatives écologiques.

Qu'il s'agisse de pelles, de polisseuses à béton ou de dumpers sur roues électriques, toutes ces machines sont reprises dans l'assortiment. Ainsi, le  marché de la location assume pleinement son rôle d'accélérateur d'innovation, car en proposant à la location ces machines plus chères, il rend l'impact financier plus acceptable et donc le seuil considérablement plus bas. Est-ce donc le moment où les utilisateurs finaux se décideront à franchir le pas? Cela reste à voir, mais au moins les incitations à le faire sont là, à la fois d'un point de vue purement technologique et d'un point de vue marketing. Sans oublier que l'Europe travaille à l'élaboration d'une réglementation stricte à cet égard. Nous nous pencherons plus en détail sur ces trois domaines dans ce qui suit.

Arguments technologiques

Les machines électriques n'émettent pas de gaz nocifs tels que le CO₂, les oxydes d'azote et les poussières fines. Nous enfonçons ainsi une porte ouverte. Il est tout aussi évident que les machines électriques sont beaucoup plus silencieuses que leurs homologues à moteur à combustion. Dans les villes ou dans d'autres environnements soumis à des restrictions sonores, cet argument peut s'avérer important.

Quoi qu'il en soit, l'absence de gaz nocifs, combinée à un fonctionnement plus silencieux, crée un environnement de travail plus sain et plus agréable pour les opérateurs. À cela s'ajoutent des avantages concrets et chiffrés, à commencer par la réduction de la consommation d'énergie. D'une part, les moteurs électriques doivent cette réduction à leur rendement plus élevé; d'autre part, ils permettent d'économiser du 'carburant'. L'électricité est généralement moins chère par heure de fonctionnement que le diesel. En outre, les moteurs électriques comportent moins de pièces mobiles et de pièces d'usure (pas d'huile, de filtre ou de système d'alimentation en carburant), ce qui se traduit par un entretien moins coûteux et moins fréquent. Le fait que les moteurs électriques fournissent un couple instantané ajoute à la liste des avantages un fonctionnement plus souple et plus réactif.

Arguments marketing

Bien que les chiffres de la croissance soient indéniablement verts, en chiffres absolus, il s'agit toujours d'un nombre global relativement faible. Plus précisément, il s'agit de 3.725 unités pour l'Europe en 2024 (14.970 unités d'ici 2030). Toute personne ayant la moindre notion de marketing sent qu'il y a là une excellente opportunité de se démarquer de la concurrence.

En investissant dans l'électrification de votre flotte - pourquoi pas par le biais du leasing? - vous pouvez vous profiler comme une entreprise socialement responsable qui opte pleinement pour des alternatives écologiques. Cela aura sans aucun doute un impact positif sur votre image, vous présentant comme une entreprise innovante et progressiste. Sachez également que de plus en plus de clients publics tels que les autorités communales, mais aussi les grands promoteurs de projets, consacrent, dans le cadre de leurs appels d'offres, une section aux exigences relatives aux émissions de CO₂ et à la consommation de carburant, par exemple. Les chantiers verts sont clairement en hausse et cela devrait être encore plus le cas à l'avenir. En misant sur l'électrification dès maintenant, alors que la plupart de vos concurrents sont encore hésitants, vous prendrez une longueur d'avance.

Réglementation européenne

Une dernière incitation, non négligeable, vient de l'Europe. L'Union européenne souhaite depuis longtemps que les entreprises prennent leurs responsabilités en matière d'impact environnemental. Cette volonté s'est traduite par une réglementation assez stricte, articulée autour des piliers ‘environment’, ‘social’ et ‘governance’ (ESG)). Cela met fin à l'absence d'engagement de la part des entreprises durables. En effet, le reporting joue un rôle crucial, de sorte que toutes les affirmations et tous les efforts deviennent mesurables, mais aussi vérifiables. Par tous. La directive CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) est déjà en vigueur, mais uniquement pour les grandes entreprises cotées en bourse et les entreprises d'intérêt public. Mais d'ici 2026, toutes les entreprises qui répondent à deux des critères suivants seront concernées par cette obligation:

• un chiffre d'affaires net de 40 millions d'euros;
• un total de bilan de 20 millions d'euros
• avoir au moins 250 employés.

Il s'agit là de chiffres solides, mais il ne faut pas oublier que les PME et les petites entreprises de construction à la base de la pyramide font souvent partie de la chaîne de valeur des grandes entreprises situées plus haut dans la pyramide. Il y aura sans aucun doute des exigences contractuelles liées à cela afin que le client puisse respecter ses obligations légales. En d'autres termes, même en tant que fournisseur ou sous-traitant, il est probable que vous soyez un jour ou l'autre en contact avec les rapports ESG d'une manière ou d'une autre. Ne pensez donc pas trop vite qu'il s'agit d'un concept lointain.

En conclusion

En mettant l'accent sur les avantages de l'électrification et les possibilités qu'elle offre, nous avons peut-être donné l'impression que la technologie est déjà bien en place et que le moment de passer à l'électrique est plus que venu. Cette conclusion serait sans doute quelque peu prématurée, ou du moins mérite-t-elle d'être nuancée. En effet, les fabricants doivent encore relever des défis importants. Bien que de nombreux progrès aient déjà été réalisés - la capacité de la batterie d'une chargeuse sur roues de 20 tonnes, par exemple, est de 282 kWh - dans le cas d'équipements plus lourds ayant des besoins énergétiques élevés, les batteries se heurtent encore à certaines limites.

Le deuxième obstacle est le suivant : une infrastructure de recharge est nécessaire. Or, les chantiers de construction sont souvent temporaires et dispersés. Il est donc parfois difficile de mettre en place une infrastructure de recharge sur site capable de produire suffisamment d'électricité pour répondre aux besoins. La recharge nécessite également une certaine planification, car le processus de recharge prend de toute façon un certain temps. En résumé, il reste un certain nombre d'obstacles pratiques à prendre en compte dans votre décision finale de franchir le pas maintenant ou d'attendre de voir ce qu'il en est.

Avec la collaboration d'Euro Top Concept, de SMT Rental et de Wim Verhuur